Première enquête jamais réalisée par l’IRI en Côte d’Ivoire : les Ivoiriens sont préoccupés par le processus de réconciliation, les jeunes et l’économie ; et manquent de connaissance quant au rôle des partis politiques

Abidjan, Côte d’Ivoire – Une enquête d’opinion publique publiée aujourd’hui par IRI révèle un optimisme général concernant la direction que prend le pays ainsi qu’un fort soutien à la démocratie. Cependant, les citoyens ivoiriens expriment clairement leurs préoccupations concernant la réconciliation nationale, l’intégration des jeunes à la vie politique et l’économie. Pour l’IRI, ces résultats suggèrent également un besoin d’éducation civique et politique accrue sur les principes de la gouvernance démocratique et sur les rôles et responsabilités des pouvoirs exécutif et législatif.

Des progrès dans les efforts de réconciliation nationale mais des problématiques perdurent
Les personnes interrogées signalent des progrès notables dans les efforts de réconciliation nationale (56 pourcents) et locale (69 pourcents) depuis la crise politique post-électorale des années 2010/2011 et durant laquelle les résultats contestés des élections ont provoqué un conflit prolongé et violent au sein du pays. Cependant, près de la moitié (49 pourcents) des personnes interrogées pense que justice n’a pas été rendue à tous les Ivoiriens pour les crimes et violations des droits de l’Homme commis durant la crise post-électorale. Parmi les personnes interrogées estimant que la justice a été inadéquate, 68 pourcents indiquent avoir ce sentiment parce qu’aucune compensation n’a été apportée aux victimes. Le fait que 37 pourcents d’Ivoiriens approuvent le travail de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation démontre un peu plus la persistance de la nécessité de ressources et d’attention aux efforts de réconciliation.

Les jeunes manquent de représentation
Parmi les Ivoiriens interrogés, 62 pourcents répondent que les besoins et opinions des jeunes (définis comme étant âgés de 35 ans ou moins) ne sont pas entendus ou pris en compte par les hommes et femmes politiques. Avec une population qui, pour plus de la moitié (57 pourcents), est âgée de 35 ans ou moins, les jeunes sont essentiels au futur démocratique et au développement économique de la Côte d’Ivoire. Autre résultat préoccupant, plus de la moitié des personnes interrogées (51 pourcents) âgées de 18 à 24 ans signalent qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales. L’élection présidentielle devant avoir lieu en octobre 2015, le nombre de jeunes ivoiriens qui n’est pas préparé à ou ne pourra pas voter pourrait conduire à une marginalisation politique accrue des jeunes. Parmi le nombre total de personnes ayant indiqué ne pas être inscrites sur les listes électorales, la plupart indique comme raison principale l’absence de carte d’identité.

Des préoccupations économiques prédominantes mais un désir de démocratie plus fort encore
71 pourcents des personnes interrogées ont cité l’économie ou des préoccupations connexes comme étant les problématiques les plus importantes auxquelles la Côte d’Ivoire fait face actuellement. Plus précisément, la plupart estiment que le chômage (29 pourcents) est la problématique la plus importante à laquelle le pays fait face. Il est suivi par le coût de la vie (19 pourcents), la pauvreté (11 pourcents) et l’état général de l’économie (11 pourcents). Cependant, les Ivoiriens sont optimistes face à l’avenir puisque 65 pourcents déclarent qu’ils s’attendent à ce que leur situation économique personnelle s’améliore dans l’année à venir. Malgré une préoccupation évidente pour la prospérité économique, 63 pourcents des Ivoiriens ont déclaré que la démocratie est plus importante que la prospérité économique.

Un soutien plus important à la gouvernance démocratique est nécessaire 
Bien que leur désir d’un système de gouvernance démocratique soit fort, les Ivoiriens semblent manquer de connaissances quant aux rôles et aux responsabilités des divers acteurs d’un système démocratique. Autre conclusion préoccupante, les citoyens pensent que les membres de l’Assemblée Nationale sont inaccessibles, 62 pourcents indiquant qu’il est peu probable ou tout à fait improbable qu’ils puissent dialoguer avec leur représentant parlementaire. De plus, 50 pourcents des personnes interrogées ont répondu qu’elles ne savaient pas, ou n’ont pas répondu, à la question suivante : « A votre avis, quel est le rôle des partis politiques en Côte d’Ivoire ? »

Méthodologie
L’IRI a mené cette enquête d’opinion en partenariat avec Partenaires stratégiques globales et le Service Ivoirien d’Etudes et Sondages qui a réalisé des entretiens en personne du 20 au 30 avril 2015 dans 19 région de Côte d’Ivoire. Les personnes interrogées représentent un échantillon sélectionné au hasard et national de 1 500 Ivoiriens âgés de 18 ans ou plus. La marge d’erreur n’excède pas plus ou moins 2,5 pourcents et le taux de réponse est de 81 pourcents.

Cette enquête d’opinion a été financée par la Fondation nationale pour la démocratie.

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