Observation pré-électorale – République centrafricaine – 14 février 2016

Context Actuel

Le peuple centrafricain s’apprête à voter dans le cadre de la troisième élection démocratique du pays en moins de trois mois. Malgré les taux de participation élevés et l’enthousiasme enregistrés au cours des récentes élections, la situation est complexe et les risques de violence perdurent.

Le premier vote organisé le 13 décembre 2015 portait sur un référendum constitutionnel visant à remplacer la Charte de la transition. Le référendum – qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux mandats de cinq ans chacun, réduit les pouvoirs de l’armée et protège la liberté de religion –  a été approuvé par 93 pourcent des votants et a été marqué par un taux de participation de 40 pourcent. Bien que le referendum s’est majoritairement déroulé dans le calme, des violences ont été enregistrées dans la capitale, Bangui, où 5 personnes sont décédées et 20 ont été blessées, dont deux Casques bleus des Nations Unies. Malgré ces actes de violences isolés, le taux élevé de participation a été perçu comme un développement positif et la volonté des citoyens de participer au vote a été louée par l’ambassadeur américain.

Deux semaines plus tard, le 30 décembre 2015, la République centrafricaine a organisé ses élections présidentielle et législatives. La Cour constitutionnelle a reconnu 30 des 45 candidats à la présidence. Néanmoins, l’ancien Président François Bozizé, dont le renversement en 2013 par les combattants musulmans de la Séléka avait fait basculer le pays dans un conflit sanglant, comptait parmi les candidats rejetés par la Cour. Des flambées de violence ont à nouveau été enregistrées après le rejet de la candidature de M. Bozizé.

Finalement, les deux principaux candidats à la présidence sont les anciens Premier ministres Anicet-Georges Dologuélé et Faustin Touadéra. M. Dologuélé a été Premier ministre de 1999 à 2001 et est l’ancien dirigeant de la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale. M. Touadéra, un ancien enseignant, a été Premier ministre sous la présidence de M. Bozizé de 2008 à 2013. Aucun des candidats n’ayant reçu 50 pourcent des votes, un second tour aura lieu le 14 février.

Les résultats des élections législatives ont en revanche été moins évidents. Les défis logistiques associés à plus de 1700 candidatures pour 140 sièges à travers le pays ont été importants. Les problématiques liées à l’impression et à la délivrance des bulletins de vote ont été considérables. Dans de nombreux cas, les bulletins de vote indiquaient les noms de candidats erronés, de candidats rejetés, omettaient ceux de candidats approuvés ou listaient certains candidats dans plusieurs circonscriptions. Les défis ont été si répandus que la Cour constitutionnelle a invalidé les résultats et appelé à la tenue de nouvelles élections législatives le 14 février.

Les Enjeux De L’Élection

Bien que les deux candidats à la présidence sont d’anciens membres de l’un des partis politiques les plus influents en RCA, Convergence Nationale « Kwa Na Kwa » (KNK), il est difficile d’anticiper qui remportera la victoire le jour de l’élection. M. Dologuélé est associé à la population plus aisée et éduquée, tandis que M. Touadéra séduit plus les électeurs de la classe ouvrière et modeste. De plus, les groupes de soutien et les coalitions formées autour des 30 candidats initiaux ne correspondent pas toujours directement avec les programmes des deux candidats finaux. Ainsi, il est difficile de prédire quel candidat ces groupes et coalitions soutiendront le jour de l’élection. 

De même, le nombre important de candidats aux élections législatives rend les résultats de l’élection quasi imprévisibles. Les partis politiques sont en difficulté financière après avoir dépensé la totalité de leur budget lors des élections législatives initiales qui ont fini par être invalidées. Cette situation rend difficile la formation de coalitions et la prédiction des résultats plus délicate encore.

Ce qui ne fait en revanche aucun doute est que l’intérêt et les attentes des électeurs sont élevés. Lassés par la guerre et avides de sécurité, les citoyens de la RCA ont l’espoir que ces élections vont enfin mettre fin à la violence qui a ravagé leur pays au cours des dernières années. De longues lignes d’attente, un fort taux de participation, des défis logistiques et des résultats incertains sont à prévoir. 

En bref – Élections en RCA 

Pourquoi les élections sont-elles importantes ? 
Il s’agit du premier second tour de l’élection présidentielle et des premières élections législatives depuis que le pays a sombré dans un conflit violent en 2013. Ces élections représentent un changement officiel d’une période de transition à un gouvernement permanent en République centrafricaine (RCA). Il existe un manque de consensus quant au calendrier de ces élections : certains pensent qu’il est trop tôt car le pays n’a pas encore retrouvé la paix. D’autres pensent que le changement, avec des institutions permanentes et légitimes, est essentiel à la paix. 

Qui sont les candidats principaux ?
Le second tour de l’élection présidentielle départagera Anicet-Georges Dologuélé, qui a été Premier ministre de 1999 à 2001 et a dirigé la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale, et Faustin Touadéra, Premier ministre de 2008 à 2013 et professeur de mathématiques. Les élections pour les 140 sièges de l’Assemblée Nationale se sont déroulées le 30 décembre 2015, mais ont été invalidées et reprogrammées pour le 14 février en raison des difficultés enregistrées lors du scrutin initial.

Quelles sont les attentes des électeurs ?
Un fort taux de participation est attendu en raison de l’espoir des citoyens qu’un nouveau gouvernement mettra fin au conflit civil. Cependant, de nombreux défis persistent, y compris l’éventualité de violences électorales. 

Quelles prédictions peuvent être formulées concernant les élections ?
Les résultats de l’élection présidentielle sont imprévisibles. De manière générale, la base électorale de M. Dologuélé est considérée plus aisée et éduquée, alors que M. Touadéra est associé à la classe ouvrière et plus modeste.  Lors des élections législatives organisées en décembre, les partis politiques ont dépensé la totalité de leur budget et cherchent désormais à former des coalitions afin de compenser cette difficulté. 

L’IRI en RCA

L’IRI conduit actuellement, en partenariat avec Internews et Mercy Corps, des activités pré-électorales afin d’apporter des informations aux citoyens au sujet du processus électoral et de les encourager, particulièrement les femmes, les jeunes, les déplacés internes et d’autres groupes marginalisés, à participer aux élections. L’IRI soutient également les citoyens, des membres de la société civile et les acteurs politiques afin de contrer la violence électorale. L’IRI travaille en RCA depuis novembre 2015 avec le soutien du Bureau démocratie, droits de l’Homme et travail du Département d’État des États-Unis. 

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